Louisette
Louisette Ch... est la fille De Marie S... et Claude Ch... de Vallières. Ce dernier meurt en 1890 à 43 ans. La fillette a 6 ans. Sa maman l’envoie à Rumilly chez les sœurs de Saint-Joseph : elle y fait une petite scolarité sans brio. L’orthographe et les fautes de français foisonnent. Quelques lettres adressées à sa mère vers 1890 la montre inconsolable et profondément attachée à sa maman. Elle est très croyante et pratiquante, va à la messe, fréquente les pélerinages.
C’est une adolescente courtisée. Auguste Francon, dont nous ne saurons rien de plus, demande, en 1903, à Mariette l’autorisation d’entrer en correspondance avec la jeune Louisette : « depuis le jour où j’ai eu l’avantage d’être en présence de Melle Louise j’ai été hanté, j’ai su apprécier ses qualités et je n’ai eu qu’une idée fixe : de pouvoir la posséder. Soyez donc mon interprète auprès de Mlle ».
Hélas, Auguste… Elle se marie l’année suivante avec Edouard, un homme de son âge, et qui porte le même nom qu’elle. Edouard pourrait être son jumeau. Il a, de plus, une bonne situation et une certaine prestance. Il l’appelle « ma petite Zizette », elle l’appelle «mon petit Edouard ». Le mot « petit » révélant une affection sincère entre ces deux êtres mais aussi, et il n’est pas besoin d’avoir fait une longue psychanalyse pour saisir la situation, « petit » signifie chacun est le protecteur de l’autre, chacun étant en mal d’enfant… Edouard reproche parfois à Louisette son manque d’enthousiasme au lit. Ce n’est pas une grande amoureuse. Le couple n’a pas d’enfants jusqu’en 1920, date où leur premier bébé décède le jour de sa naissance. Lucette naîtra et vivra à partir de 1923.
Louisette est malade, souvent affligée de migraines dont elle se plaint et redoute l’imminence, de maux de dents, et d’autres douleurs. Les questions matérielles lui semblent insurmontables et elle se fait aider quand, Edouard étant mobilisé, elle constitue un dossier pour « toucher » une allocation. Le juge de paix tranche : elle est bien assez riche et, si elle a besoin d’argent, qu’elle se mette donc au travail. Louisette Ch... nuance un peu l’image des femmes pendant la guerre de 14-18. Certes, beaucoup contraintes et forcées, à l’image de la cousine Marie d’Alençon prennent leur vie en mains. Ce n’est pas le cas de Louisette qui retourne chez sa mère et ne cesse de faire appel à Edouard, pourtant submergé de travail.
Elle meurt en 1933, un après Mariette, sa mère. Opérations douloureuses, cures à Contrexéville et pèlerinage à Lourdes, ne parviennent pas à endiguer le terrible mal qui l’accable : ses reins ne fonctionnent plus.